La Journée Nationale de l’Audition communique souvent sur l’omniprésence de divers sons dans notre quotidien. Leur accumulation et leur intensité non maîtrisées entameraient notre capital auditif et le mettrait en danger, car les cellules auditives ne se remplacent pas…
En effet ces expositions sonores continues pourraient expliquer le développement plus précoce de certaines déficiences auditives telles que la presbyacousie ou les acouphènes. Le bruit serait aussi un des responsables du manque de concentration des plus jeunes, en sur-vigilance vis-à-vis de tous les sons, notamment émanant des nouvelles technologies : 8 jeunes sur 10 de 15 à 17 ans déclarent avoir du mal à suivre une conversation à l’école.
Il est vrai que nos activités humaines n’ont cessé de créer des sons de plus en plus complexes et forts (industrie, modes de transport, concerts dans d’immenses salles…), favorisant également une musique nomade (téléphone portable, MP3, mini-amplificateur…), véritable compagne de tous nos instants si nous le souhaitons. Et d’ailleurs les jeunes lors de l’étude IPSOS/JNA de 2015, décrivent clairement le bruit comme « rassurant ». Le bruit est donc devenu une composante à part entière de notre vie.
Ces vers me sont revenus en mémoire, un jour parisien comme un autre : le son du métro et du trafic routier, les personnes qui parlent fort dans leurs téléphones portables, les voix des collègues ou le ronronnement des ordinateurs, surtout en open-space. Et cela peut-être bien pire lorsqu’on travaille dans le commerce ou en dans l’industrie : le trouble de l’audition est la troisième cause de maladie professionnelle en France* (d’après le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social). A la fin de ma journée, je fais parfois mes courses comme tout à chacun, avec les « musiques d’ambiance » quand je vais dans les boutiques de vêtements ou dans la superette du coin. Et puis si j’entre dans le café calme du coin, les téléviseurs fraîchement posés parlent maintenant à la place des consommateurs et je n’entends pas toujours ce que me dit mon ami juste à côté de moi… (9 personnes sur 10 rencontrent des difficultés pour suivre les conversations dans les restaurants, cafés et bars et dans les Transports Publics. Enquête JNA 2016). De plus, si je me sens fatiguée et malade, en poussant la porte du cabinet médical de mon quartier, je suis accueillie dans la salle d’attente par une musique « d’attente » …
Heureusement le soir chez moi, je ne fais pas partie des personnes subissant des bruits de voisinage, ce qui parfois crée une véritable agressivité. Résultats : dans cette longue journée, il n’y a eu que peu de pauses auditives pour mes oreilles. Pourtant ces temps de récupération sont recommandés par les professionnels des sphères ORL toutes les 2 heures, dans un environnement particulièrement sonore.
En sophrologie, nous proposons de vivre ces moments de pause de façon simple : en apprenant tout d’abord à entendre ses besoins, en écoutant sa respiration, en accueillant d’autres manifestations du corps après les exercices. Un véritable processus de prévention se met naturellement en place. Car il s’agit bien de trouver son espace, sa bulle de silence dans cette civilisation bruyante. Et lorsque l’on vit dans des lieux plus protégés, les sons, peut-être moins nombreux, ont tout de même un rôle et une action sur nous. A chacun alors de trouver le bon équilibre, pour rester en harmonie corps et esprit.
Auteurs : RAMONNET Christine (Sophrologue) et RENAUDIN Stéphanie (Sophrologue)
Source : Mutweb, Juillet 2022