Cependant, il apparaît que le dépistage n’est pas fréquent, même et surtout chez les usagers de drogues sniffées et/ou injectées, comme l’héroïne ou la cocaïne. L’écart entre les recommandations de dépistage du VIH et des virus des hépatites B et C (VHB, VHC) et les pratiques contribue au diagnostic tardif de ces infections. De nouvelles interventions de dépistage par les acteurs de soins primaires doivent être évaluées, dont l’utilisation des TROD : les tests rapides d’orientation diagnostique.
Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD)
Les TROD fonctionnent à partir d’une goutte de sang prélevée par microponction du doigt (ou à partir d’un prélèvement de salive) et mise en contact avec des solutions réactives. Le résultat est obtenu en moins d’une demi-heure : le test sera alors positif ou négatif.
S’il est positif, il devra être confirmé par un test de dépistage classique (par prise de sang), réalisé dans un laboratoire, un centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) ou un Centre d’information de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CIDDIST).
Le coût unitaire des TROD varie entre 5 et 10 euros.
Ces tests ne nécessitent pas de plateau technique, ni même de maintien de la chaîne du froid. Ils sont aussi sensibles et spécifiques que les tests de biologie conventionnelle.
Dépistage proposé en CSAPA
Les structures de prévention qui souhaitent utiliser les TROD auprès de leurs patients doivent signer au préalable une convention d’habilitation avec l’Agence régionale de santé . Cette convention, signée pour trois ans, cadre des éléments tels que la formation des professionnels, les locaux d’intervention, les bonnes pratiques détaillées en annexe III, la confidentialité, le circuit d’élimination des déchets infectieux.
L’intérêt est de les proposer aux patients usagers de drogues, notamment ceux qui sont les plus précaires et les plus éloignés des dispositifs de soins. Cela leur permettra, comme à tout autre patient, d’avoir accès à des traitements désormais très efficaces et ainsi d’espérer éradiquer l’hépatite C ou le SIDA, causes essentielles de la mortalité prématurée des usagers de drogues. Cela sous-entend que le personnel (infirmier, médecin) qui effectuera le test soit formé et entraîné à présenter les résultats au patient presque en direct. Le gain de temps sera important : parfois, lorsque l’ordonnance pour la sérologie était donnée, le passage en laboratoire d’analyse n’était fait que plusieurs jours, semaines, voire des mois après.
On insiste aussi de manière systématique sur l’intérêt de diminuer, voire arrêter sa consommation d’alcool, lorsqu’une hépatite est découverte.
Dépistage en CAARUD
La démarche est ici différente, car la population qui fréquente les Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogue (CAARUD ) n’est pas la même, leur démarche étant bien différente. Il s’agit d’agir en amont de l’arrêt de la consommation de substances, de réduire les risques associés à la consommation de substances psychoactives sniffées et/ou injectées. Il est souvent illusoire de penser que des bilans sanguins prescrits soient réalisés, dans un laboratoire d’analyse médicale, alors que le recours au TROD permet de proposer d’effectuer et de donner un résultat le même jour, sans délai. Ainsi, il sera plus facile de proposer une prise en charge et un suivi en CSAPA ou à l’hôpital.
Pour résumer, les TROD doivent permettre au plus grand nombre de se faire dépister de manière anonyme et sécurisée, par un personnel formé et à l’écoute de tous.
Source : Mutweb, Décembre 2020