Pour changer le regard de la société sur le vieillissement, le modèle domiciliaire doit être repensé selon quatre axes : santé, habitat, mobilité, et inclusion sociale. Cela suppose de répondre au souhait dominant, au sein de la population, de rester chez soi le plus longtemps possible. L’inclusion des seniors dans un environnement social se pose au moment de la retraite. Mais il faudrait étendre cette réflexion à la vie professionnelle car, d’une part, on est considéré comme senior de plus en plus tôt, avec un âge de la retraite de plus en plus tardif et, d’autre part, le départ à la retraite constitue un risque de rupture dans les parcours de vie.
Nouvelles technologies : atout ou risque d’inégalités ?
Les mutations scientifiques, technologiques, mais aussi démographiques, vont agir en combinatoire, notamment sous l’effet de l’irruption des grandes entreprises du numérique dans le champ de la perte d’autonomie. Le numérique va jouer un rôle important pour améliorer la situation des personnes en perte d’autonomie et celle de leur entourage (1) : la 5G va être un moteur notamment par la mise en place de plateformes pour faire travailler ensemble différents acteurs sur un territoire.
Toutefois, il faut veiller à ce que ces technologies n’entraînent pas de nouvelles inégalités, entre les personnes qui en seront équipées (par exemple, un dispositif pour éviter les chutes, AppleWatch…) et celles qui ne le seront pas.
Les acteurs de la prévention
Selon le Dr Jean-Pierre Aquino, délégué général de la Société française de gériatrie et de gérontologie, trois temps forts doivent permettent de jeter les bases de la prévention : 40 ans pour adopter un comportement vertueux en matière de qualité de vie (réduire la consommation d’alcool et de tabac, adopter une alimentation équilibrée, faire du sport…) ; le départ à la retraite pour la prévention de l’isolement social et autour de 75 ans pour une information sur les pathologies multiples.
C’est dire si les acteurs de la prévention vont au-delà du seul cercle des médecins, le monde du travail, à travers la responsabilité sociale des entreprises (RSE), pourrait être mis à contribution, afin de préparer les futurs retraités à leur nouvelle existence ainsi qu’aux risques encourus par l’avancée en âge. Les aides ménagères sont également aux premières loges pour identifier les fragilités d’une personne âgée. Il en va de même des postiers ; le groupe La Poste propose d’ailleurs des prestations de téléassistance et de visites régulières chez des personnes âgées.
Lutter contre l’isolement social des personnes âgées, facteur de perte d’autonomie, est la raison d’être du programme Monalisa qui réunit plus de 460 organisations (associations, caisses de retraites, collectivités territoriales, etc).
La prévention nécessite la coordination, sur le terrain, de l’ensemble des intervenants auprès de la personne âgée.
Quel niveau territorial pertinent ?
Aujourd’hui, les inégalités territoriales sont patentes et il convient de rechercher les échelons les plus pertinents d’expression des solidarités, puis de mise en œuvre de la politique définie.
La construction de la politique domiciliaire, de la refonte du système de la prise en charge coordonnée des personnes âgée et de la définition du panier de services et de soins associé relève de la responsabilité de l’Etat.
La réponse est plus ouverte s’agissant du bon échelon territorial pour la mise en œuvre de cette politique.
La région ? Cela nécessiterait une remise à plat des compétences qui lui sont dévolues par l’Etat.
Le département ? Un échelon pertinent dans les zones où la puissance communale est plus faible.
L’intercommunalité et les métropoles ? Une piste intéressante quand le département a de faibles capacités d’action.
Il est cependant essentiel d’instaurer un dialogue efficace entre les différentes collectivités, avec un renforcement des ressources humaines consacrées à la question de la dépendance au sein des collectivités territoriales, aujourd’hui souvent très peu nombreuses, y compris dans des départements très impliqués en matière de politique sociale, comme la Meurthe et Moselle.
Le lab
Le Lab est un lieu de réfléxion et de prospective, créé par la Mutualité Fançaise en partenariat avec Fondapol, Terra nova et la Fondation Jean-Jaures
(1) Sur cette question des innovations technologiques et de leurs effets, lire les travaux de Serge Soudoplatoff, expert de la Fondation pour l’innovation politique, notamment son étude intitulée « L’intelligence artificielle : l’expertise partout accessible à tous ».