Le THC
Le THC , qui a été isolé en 1964, possède des propriétés psycho-actives agissant en modifiant le rythme cérébral. Il possède également des propriétés anti-inflammatoires. Le THC peut être extrait du cannabis ou synthétisé. C’est une molécule fragile, thermolabile, soluble dans les solvants organiques ainsi que dans les matières grasses. Molécule très lipophile, elle franchit la barrière hémato-encéphalique, s’accumule dans les graisses et sa présence peut être constatée dans l’organisme plusieurs jours, voire plusieurs semaines après ingestion ou autre mode de consommation. C’est la molécule responsable des principaux effets psycho actifs du cannabis. Il peut être extrait de la plante ou synthétisé. Il affecte la mémoire, la pensée, la concentration, la coordination et la perception du temps. Il agit également sur l’euphorie. A noter que des méthodes de culture sophistiquées ont permis d’augmenter considérablement le taux de THC contenu dans la plante. Plus les concentrations en THC sont élevées plus les effets psycho-actifs sont importants ainsi que les risques de décompensation psychotiques.
Le dronabinol est le nom du THC synthétique, il est accessible depuis 2003 sous le nom de Marinol* (différent du Marinol* à base d’eau de mer trouvé en pharmacie). Il bénéficie d’une ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation) et est accessible en France sur prescription hospitalière sous forme de capsules molles dans deux indications : nausées et vomissements dans le cadre des chimiothérapies anticancéreuses et anorexie chez patient atteint de VIH. Ce produit semble assez peu utilisé (Vidal) peut être en raison des difficultés de prescription mais peut être également en raison des réticences des médecins prescripteurs et/ou des patients à l’utiliser.
Le Sativex * se présente sous forme de spray buccal et délivre deux extraits végétaux de cannabis, le THC et le cannabinol qui est un produit d’oxydation spontané du THC. Il bénéficie d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) depuis janvier 2014 pour le traitement de la spasticité modérée à sévère dans le Sclérose en plaques en deuxième intention. Il n’est toujours pas commercialisé faute d’accord sur le prix entre la CEPS (Commission Economique des Produits de Santé) et le Laboratoire Amirall qui le commercialise en Europe.
Le CBC
Il est assez difficile de trouver des sources fiables sur le CBC qui, depuis sa découverte en 1960, a été peu étudié, contrairement au THC et au CBD. La plupart des sites qui évoquent cette molécule sont vendeurs de produits et il y a souvent peu de références bibliographiques. Cependant, il semble que le CBC soit l’objet de nombreuses études notamment comme antidépresseur, anti-inflammatoire et pour lutter contre les douleurs nociceptives. Pour certains, il ne semble pas se lier aux récepteurs cannabinoïdes comme le THC. Selon d’autres sources, il serait agoniste sélectif des CB2 mais n’aurait aucune action sur les CB1 ce qui expliquerait pourquoi il n’induit aucun effet psychotrope.
C’est un cannabinoïde présent en très faible quantité dans le chanvre qui fait, actuellement, de plus en plus parler de lui. Selon des études récentes, il serait présent en quantité importante dans le plant de cannabis jeune, puis se dégraderait au fil du temps en CBL. Jusqu’ici assez peu étudié, son potentiel médical fait l’objet de plusieurs études qui en sont au stade préliminaire. Il aurait une activité anti-inflammatoire, surtout en synergie avec le THC, une action anti-nociceptive, et normaliserait l’hyper motricité gastro-intestinale. Il bénéficie d’une excellente synergie avec d’autres cannabinoïdes comme le THC et le CBD.
Tout comme le THC et le CBD, le CBC est produit grâce à une conversion enzymatique à partir du cannabigérol (CBG). A noter que ces trois composants ont la même formule chimique brute C21 H30 O2, seule la configuration dans l’espace change. Ce sont donc des molécules très voisines dans la même famille chimique et seuls, leurs différents récepteurs produisent leurs différentes actions.
Il existe deux types de récepteurs aux cannabinoïdes : les CB1 sont essentiellement situés dans le système nerveux central. On les retrouve en grande quantité dans le cortex cérébral, l’hippocampe, les noyaux gris centraux et le cervelet. Les CB2 siègent dans le système immunitaire et se retrouvent en périphérie sur les cellules immunitaires.
Leurs effets thérapeutiques attendus sont voisins mais le THC a par ailleurs une action psycho active alors que le CBC n’en a aucune. Il agirait plutôt en coopération avec le THC. Il n’y a accoutumance ni avec l’une ni avec l’autre de ces molécules.
Il est actuellement testé comme antidépresseur, anti inflammatoire, anti nociceptif et comme inhibiteur de la motricité intestinale, ce qui pourrait en faire un traitement de choix dans les maladies inflammatoires intestinales.
Au total, THC et CBC sont deux molécules issues de la même plante, le cannabis. Le THC est responsable des principaux effets psychogènes mais présente également des effets calmants sur les douleurs nociceptives et l’anorexie. Sa commercialisation ainsi que son utilisation en pratique courante ne sont actuellement pas permises. Le cannabis médical, toutes molécules confondues, est à l’étude en France depuis le 25 mars 2021 dans le cadre d’une étude nationale centralisée par le CHU de Clermont Ferrand. THC et CBC sont donc testés ainsi que d’autres composants du cannabis de façon officielle depuis mars 2021. Pour l’instant, le CBC peut être considéré comme un complément à l’action du THC. Il est lui, par contre, dépourvu d’effets psychogènes. Aucun des deux n’induit de dépendance physique.
Article rédigé par Dr Thierry BRIBET
Source : Santé Publique France
